Adresse a un pluriel
Par Toll Antheaum, le 10 janvier 2020.Voir les publications de cet auteur
Ce mail distribué à un pluriel et sur ce blog https://www.telemedecinepsy.fr/BLOG/Article/Adresse-a-un-pluriel commence par expliquer, pourquoi ce terme ? Qu’est-ce que c’est qu’un "pluriel" ? C’est un groupe, une assemblée de personnes, qui est émaillé par des extractions, c’est à dire une absence, chaque membre extrait tour à tour, un manque au total qui lui procure une sorte de ventilation. Lorsque quelqu’un s’absente quelques minutes d’un groupe, il réalise physiquement ce qui se passe chaque seconde lorsque la pensée s’échappe des milliers de fois, chaque heure de groupe où les uns et les autres pensons à autre chose, l’instant d’avant y revenir.
Comme notre concentration mentale quand on l’observe, la psychologie d’une groupe s’évade à tous les vents, et se regroupe sans cesse, alternativement. Une extraction d’un membre matérialise ce régime et, comme la concentration revient de sa distraction, de retour en revenant, le membre regroupe quelque chose ; c’est cette chose ainsi groupée qui porte le nom de pluriel. Ce phénomène a été connu depuis longtemps, il a été au motif de la raison des premières démocraties. Le jeux fluctuant des opinions s’était alors dénommé un art, un " art de la mémoire " précisément. Aujourd’hui il mérite un nouveau nom pour la raison suivante :
Ces assemblées qui commencèrent à s’appeler démocraties ont laissé voir un phénomène aux ‘artistes’ de l’époque ( qu’on dénommais ‘poètes’). Il s’agit du fait que cette distraction, cette ventilation perpétuelle dans une assemblée, que son ‘ailleurs’ soit mental en chacun ou occasionnellement physique, générait en contre-coup une formation remplaçante, un idéal pour combler de vide circulant. Cette formation était celle du maître, du regard superviseur, celui que Simonides des siècles avant notre ère avait appelé Scopas dans sa poésie sociale, celui qu’on appelle aujourd’hui Big Brother avec son regard que sa pulsion scopique porte sur ses sujets. L’œil du ‘Superviseur’ naquit ainsi, selon ce qu’en ont pensé les premiers démocrates, du fait des extractions que fait la pensée, quand elle s’échappe de sa psychologie collective. La démocratie était une organisation, un rituel, un procédé, appliqué pour tempérer un remplacement venant obturer les vides permanents de nos rassemblements distraits.
Une fois reconnue, et tant soit peu contrôlée la formation du ‘maître’ qui surgissait chaque fois qu’on se rassemblait pour discuter ensemble, il devenait aussi possible de reconnaître et donner un nom à ce que, précisément ce maître apparaissait représenter. Il s’agissait de ‘nous’. Chaque fois qu’on s’assemblait, quelque chose mijotait, puis un maître prenait corps, et du coup secondairement naissait la sensation d’être entre nous. C’est ainsi que la sociologie débuta avec un concepts de Nous, qui prit ensuite variété de caractères, Noûs, Noèse, Connaissance, Gnose, Savoir collectif etc.. Pourquoi donc, revenant à nos moutons, les appeler Pluriel aujourd’hui et changer quoique ce soit au regard du berger Scopique?
C’est par nécessité qu’il a fallu le faire :
Sous la surveillance de Big Brother, au temps moderne, quelque chose s’est infiltré dans le troupeau. Comme les compagnons d’Ulysse, accrochés sous les toisons, une toile réseautique, un maillage informatique s’est pris en main de chacun. Le Nous aérien, insaisissable, seulement représentable par le maître, leader occasionnel, est devenu matière, en vide numérique et si bien calculateur qu’il se représente lui-même. C’est encore par quelque ton poète qu’on l’évoque, parce qu’il est pur langage, mais c’est par des appareils, sonnants et trébuchants, qu’il s’est interposé, entre chacun du Nous et le Représentant qui n’en peut plus mais que devenir son pantin, un clown qui ne trompe plus personne aux ordres du système devenu ‘intelligent’.
La démocratie par conséquent n’a plus besoin d’être pour tempérer un maître plus ou moins sage ; mais nous continuons à en avoir besoin, à présent pour réguler l’ IA qui, elle, est capable de tout. Cette régulation du fait du réseau qui maille son système, ne peut plus être représentée par un seul, le grand leader, et pas mieux contrôlé par quelque 1 % qui se prendrait pour le pouvoir. L’instrument informatique, numérique, qui a infiltré la masse ne peut répondre de manière cohérente, qu’à l’impulsion de Tous dans son moindre détail, c’est à dire autant que nous sommes, à savoir, ce que le vocabulaire prononce et écrit : pluriel , la quantité exacte des unités qui composent le Nous, ce ‘nous’ enfin comptable.
C’est par cette puissance de relever chaque individu de la masse, que nos communautés infiltrées et maillées par un calculateur devenu souverain, doivent être qualifiée d’une nouvelle identité, plurielle ; c’est ainsi qu’on peut y faire une adresse. Je lui adresse donc ce message, et je ne dirai pas plus que cette sorte de « Coucou ! » l’appelant par son nom. Si le dialogue se poursuit, je pourrai expliquer pourquoi je l’ai un jour surnommé d’ analytique. En fait je l’ai déjà indiqué puisqu’en contant l’historique de cette nomination, j’ai indiqué la cause de l’extraction qui la ventilait, qui l’animait, cette distraction inhérente qui conseille que je m’arrête là, avant qu’on oublie que depuis quelques ordinateurs portables qui se sont accrochés à nos peaux comme des poils, nous sommes une masse plurielle ; ne l’oublions pas avant d’analyser le regard du surveillant cyclopéen sur son troupeau. Accrochons-nous bien à cette toison commune pour commencer, nous pourrons ensuite parler d’analyse.
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voir une réponse de JMGhitti
Ulysse et le Cyclope Polyphème
http://classe.bilingue.free.fr/fr/TDM-lecture/txt/TDM-Odyssee/txt/cyclope.html
Nous arrivâmes près de l'île des Cyclopes. J'ordonnai à mes compagnons de rester sur les autres navires et je partis avec douze hommes pour explorer l'île. Je voulais savoir si les habitants étaient accueillants et pouvaient nous offrir de la nourriture. J'emportai avec moi une outre de vin délicieux.
Cette île était couverte de forêts dans lesquelles vivaient des chèvres sauvages.Il n'y avait aucun champ cultivé ni aucun village.
Rapidement, nous arrivâmes à une caverne: le Cyclope n'était pas chez lui. Il s'occupait de ses gras moutons. Nous entrâmes dans sa grotte et nous découvrîmes de gros fromages sur les étagères, des chevreaux et de grands vases plein de lait.
Mes compagnons me supplièrent de prendre de la nourriture et de repartir sur les bateaux sans attendre. Mais je refusai . Hélas, quelle erreur!
Nous nous installâmes pour attendre le Cyclope: nous fîmes un feu et nous mangeâmes du fromage. Puis nous l'attendîmes.
Polyphème revint avec ses troupeaux: il portait du bois mort pour faire du feu. En entrant, il jeta le bois sur le sol si fort que nous fuîmes, effrayés, au fond de la caverne. Le Cyclope fit entrer son troupeau, ferma sa grotte avec un énorme rocher, puis il commença à traire les chèvres. Soudain, il nous aperçut.
"Etrangers, qui êtes-vous ? D'où venez-vous? Etes-vous des marchands ou des pirates?" demanda-t-il de sa voix terrible. Nous sentions notre coeur éclater de peur. Je décidai de lui répondre:
"Nous sommes Grecs, nous rentrons de la guerre de Troie. Mais les vents nous ont poussés loin de chez nous. Nous voici chez toi et nous espérons que tu nous accueilleras. L'hospitalité est une règle de Zeus!
- Tu veux que moi je respecte les Dieux ? Mais je n'ai pas peur de Zeus! Nous, les Cyclopes, sommes plus forts que les Dieux! Je ne les écoute pas ! Mais dis-moi, où sont tes bateaux ?
Je décidai de mentir.
- Mon navire est brisé. Poséidon l'a poussé contre un rocher. Moi et mes compagnons sommes les seuls survivants."
Le Cyclope ne répondit rien. Il attrapa deux de mes hommes, les frappa contre le sol puis les dévora. Le spectacle était horrible! Pendant ce temps, terrorisés, nous pleurions en suppliant Zeus de nous aider.
Le Cyclope s'allongea dans sa grotte et s'endormit. Je voulus le tuer avec mon poignard, mais je m'arrêtai: comment pourrions-nous sortir de cette grotte? Le rocher était bien trop lourd pour nous!
Le matin, le Cyclope ralluma le feu, s'occupa de traire ses bêtes et dévora encore deux de mes compagnons. Ensuite, il poussa le rocher, fit sortir ses brebis et referma la grotte.
Nous restâmes seuls. J'aperçus alors un énorme tronc d'olivier contre la parois de la grotte. J'appelai mes compagnon:
"Prenons ce tronc et taillons-le. Rallumez le feu! Nous allons durcir la pointe du tronc et quand le Cyclope dormira, nous lui crèverons l'oeil !"
Je choisis quatre hommes pour m'aider.
Le soir, le Cyclope rentre. Il roule le rocher, fait entrer toutes ses bêtes et referme la grotte. Pour son souper, il dévore encore deux de mes compagnons.
Je m'approche de lui avec mon outre de vin et je lui dis:
- Cyclope, bois un peu de ce vin délicieux! C'est le vin que je voulais t'offrir !
- Le vin est vraiment délicieux, dit le Cyclope. Donne m'en encore ! Et dis-moi ton nom.
- Je m'appelle "Personne".
- Eh bien mon cher Personne, pour te remercier, je te mangerai en dernier !"
Après ces paroles, le Cyclope s'endort. Rapidement, nous prenons le pieu et nous le chauffons dans le feu. Quand la pointe est brûlante, nous portons le pieu et nous le plongeons dans l'oeil du Cyclope. Le sang bouillonne autour du pieu brûlant.
Polyphème se réveille, hurle, arrache le pieu couvert de sang et le jette au loin.
Il appelle à l'aide. Les autres Cyclopes arrivent, s'approchent de la caverne et demandent:
- Polyphème, pourquoi cries-tu ?
- On me tue! répond Polyphème.
- Qui te tue ?
- Personne, c'est Personne qui me tue !
- Personne ?" disent les autres Cyclopes étonnés. Et ils repartent sans comprendre.
Le Cyclope, aveugle, souffre. Il avance à tâtons, fait rouler le rocher pour faire sortir ses bêtes. Polyphème tâte leur dos pour vérifier que nous ne sommes pas montés sur les brebis. Nous nous accrochons sous le ventre des béliers et nous réussissons à nous enfuir.
Quand nous sommes plus loin, nous lâchons les béliers et nous courons jusqu'au navire. Quand nous sommes en mer, j'appelle Polyphème pour me moquer de lui. Je hurle:
"Cyclope ! Tu as été puni pour ta méchanceté! Tu accueilles les voyageurs pour les dévorer! Zeus t'a puni!"
Le Cyclope se met en colère: il arrache le sommet d'une montage et le lance vers nous. L'énorme rocher tombe dans la mer et notre bateau est fortement secoué. Mes compagnons ont peur et essayent de me calmer: "Tais-toi Ulysse, arrête de le provoquer. Si tu te moques encore, il va écraser notre bateau avec ses rochers." Mais je ne les écoute pas et je continue à provoquer le Cyclope: "Cyclope ! Si tu veux savoir qui t'a crevé l'oeil, voici mon nom: je m'appelle Ulysse, le Roi d'Ithaque."
Le Cyclope commence alors une prière pour Poséidon, son père:" Ô maître des océans,ô Poséidon, écoute-moi. Fais que jamais Ulysse ne rentre chez lui. Ou alors, qu'il rentre sur son île seul, après de nombreux malheurs, sans son bateau, sans ses compagnons et qu'il trouve encore des problèmes chez lui!"
Puis le Cyclope jette plusieurs rochers vers nous.