PuyPsy_2000-20/2-8&9&10
Par Toll Antheaum, le 15 février 2020.Voir les publications de cet auteur
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Le physique dans la psychanalyse
Approchée en terme d’objectivité ou de Réel voire de vrai et/ou de vérité, la valeur de la science gagne un degré de distinction supplémentaire avec une physicalité précisée par la psychanalyse – ainsi :
1/ Il est utile de savoir que tant Freud que Lacan ont ouvert leur carrière, le premier par un traité de neurolo-science, le second, par un traité de cybernétique. Rien de plus matérialiste donc ; et que tous deux soient ensuite passés à la psychologie pure, métapsychologie, tendrait à indiquer que leurs premiers pas entrepris dans la science, rencontrèrent une difficulté majeure. De ce point de vue, la biologie triomphante qui déprécie, voire bannit la Psychanalyse, peut trouver par le fait une occasion de penser à elle-même. Elle n’est pas si simple qu'elle le croit, cette biologie et, la psychiatrie chimique par exemple, ferait bien de se prétendre « une psychiatrie qui réfléchit » ! Ce point de vue pris, un équilibre est permis, qui mérite d'examiner quel systématique empêchement aurait empêché Freud de persister dans sa physicalité. Les deux engeances sont alors renvoyées dos à dos : l'une qui réfléchit trop, l'autre qui ne réfléchit pas. On a constaté l’incapacité modèle du découvreur du Complexe d'Oedipe à intégrer le personnage Œdipe historique, Akhnaton, c’est à dire le facteur physique de son mythe. L'impuissance de la psychanalyse à assumer la dimension matérielle (ici dans le cas du corps d'Oedipe, ailleurs dans le cas de la différence anatomique entre les sexes, ailleurs encore dans la notation du chromosome 'Y', la Démocratie de son discours etc... observations et d'autres détaillées par ailleurs); donne juste la mesure d’une négociation difficile, qui doit à la fois prendre une distance sur l’addiction au "tout-matériel" mais également garder le contact avec ce matériel dont l'auditeur psychique a dû rapidement se défier. On comprendra de la sorte l’engagement déclaré en 2008 de renforcer l’exemplaire physicalité d’AMO, avec la connaissance que le 20em siècle a probablement acquis de concert, relative aux drogues employées lors de cet établissement du monothéisme.
Soutenir cette considération paraît être la première décence obligeant un psychiatre et sa pharmacie. Faire comme la médiocre psychiatrie l’impasse sur les effets collatéraux, collectifs et sociaux, de ses médicaments largement distribués, équivaut à la médiocre psychanalyse qui prétend à une psychologie freudienne en ignorant la cocaïne, puis le tabac, enfin la morphine qui ont accompagné ses grandes créations. S’agissant du monothéisme, il est d’une probabilité parmi les plus grandes que la religion déclarée sur le Sinaï été organiquement liée à une chimie de l’ergot de seigle qu’on appela dernièrement LSD25.
J'évoque un cas de "probabilité" par mesure d'une règle à prendre lorsqu'on fait mention d'un fait qui n'est pas collectivement déclaré, admis. Comme d'autres choses que je signale, les probabilités que notre monothéisme soit redevable de l'ergot de seigle, sont de fait énormes mais restent relatives, si ce que j’indique ici a lieu d'informer, avant d'évaluer mon action. J'énumère donc les positions et les options prises, qui définiront finalement un intégral de vingt ans de psychanalyse dans un milieu matériel précis et concerné – je parle de la Citadelle et de sa patronne en acier de canon. Pour renseigner par conséquent cette "cure de réalisme" dont je me suis chargé, pour un retour de la conscience en neurologie (voire en psychiatrie), au décours d’un périple étant passé par sa face cachée (l’Inconscient), j’ai accommodé la levée de ces refoulements (Akhnaton-Moïse, le LSD, l’Hermétisme etc..) d’un enseignement – ou mieux dit un « renseignement » que j’ai commencé à donner durant les années 2008 et 2009.
2/ Titrées, Sessions de Soin Social (acronyme SSS), j’ai livré et enregistré, durant ces deux années devant une poignée de personnes, trente cinq conférences multimedia, faisant l’état des lieux, non pas de la Psychanalyse réputée telle, demeurée "immatérielle", mais celle qui succède au lacanisme, lui-même succédant au freudisme. Selon cette succession, comme Lacan l'avait attribuée à un Sujet-Supposé-Savoir, je l'avançais en « SSS », mais en la changeant, voici comment :
La chronologie de la psychanalyse
Un caractère changeant est la preuve et détermination d'une chose qui assiste de manière constante et contrôle, précisément une mutation. Cette chose n’y parviendrait pas si elle-même n’était pas mutante de concert. À ce propos, de la psychanalyse une image des plus simples et parlantes convient à décrire ce processus de mutation et en mutation. Cette image est celle de l’instrument employé par le vivant, quand il quitte son atmosphère, et change d’espace : une fusée, qu'on appelle un lanceur orbital, porteur de charge à mettre en orbite ou plus loin encore. Cette sortie de gravité est typique d'un matériel changement de milieu et de dimension. Les lois de la mutation s'applique à ce type d’engin actuellement composé d’éléments correspondant aux phases de son opération. La technique l’aura voulu faite de fusées externes qui sont larguées après le décollage (les boosters). puis d'un ou deux étages, et enfin de la portion navigable dans le vide en l’absence de pesanteur, généralement une coiffe qui pose le fruit. Chacune de ces étapes est très différente des autres. Si à la fin il faut déployer des voiles solaires, au départ la violence de l'instrument à réaction déchiquetterait ses miroirs frêles. Inversement si elles étaient en apesanteur au départ, les premières manœuvres seraient insensées. Il faut pour chaque étape des conditionnements adaptés. Telle est exactement la composition hétéroclite de l’histoire de la psychanalyse. Les boosters sont l'image du freudisme du départ. Juste bonne à être rejetée, cette phase permit un relais par le lacanisme dans des conditions déjà très modifiées – jusqu'à quelqu'autre étage coiffant encore l’improbable vaisseau du départ. Celui-là bénéficiera d'un troisième type d’accélération. Ceci figure la psychanalyse ayant atteint le milieu de la psychologie collective à l'ère du numérique. Si en fin de compte on reconsidère ces parties incompatibles voire contradictoires les unes aux autres l’ensemble dessine pourtant un processus continu, homogène, fait d'intuitions, d'abandons, de critiques et de prévisions.
Il est bon de rappeler que Freud à la fin de sa vie recommandait de ne pas procéder au lancement tant que ne serait monté son terme : la psychanalyse opératoire en fonction d'une psychologie collective. Sa prescription de ne plus avancer en psychanalyse jusqu'à considérer d’y renoncer radicalement furent claires et explicites. Elles sont indubitables face aux reproches élevés par des ‘opposants’ à la Psychanalyse l'accusant de dilettantisme sinon d'escroquerie. Ces reproches ignorent toute la prudence au contraire et la précision systématique qui caractérisent la valeur de Freud. Régulièrement on lit des critiques d’une véhémence ‘folle’ dans ce que la presse appelle "tribunes au vitriol", des accusations et des demandes d’interdiction de la psychanalyse, de son exclusion des expertises, du bannissement de certains services hospitaliers etc.. . Je dis folle parce que c’est une folie, une démence, d'aboutir à déclarer que la cybernétique (et notamment son éthique, la psychanalyse) n’est pas une science – mais aussi comme toute folie, elle a ses bonnes raisons. Ces critiques jugent qu’un premier étage de la "fusée" ne sert à rien sans voir au sommet un autre composant valide ; mais quant au fait qu’il faille rejeter le premier étage (booster), ils ont raison. Comme il se doit, comme Freud le dit, avec à sa suite Lacan qui, lui sans ménagement y attenta – mettre fin à la psychanalyse est un devoir si elle n'arrive pas à joindre sa psychologie individuelle à la psychologie collective. Tous deux doutèrent qu'elle y arriverait un jour. En ce sens je me serai rallié volontiers à la bande de terroristes qui veulent empêcher la lancée freudienne ; ils sont plus freudiens que Freud lui-même. Mais dans le sens où c'est prendre les premières étapes du lancement pour son seul et unique étage, ils ne connaissant d'un voilier intersidéral que le pétard qui amorce sa mise au flot dans l'espace psychique. En effet s'il n'y avait pas de satellite au bout, il faudrait mieux arrêter de faire des fusées ! Mais la comparaison avec une industrie de propulsion, dévoile nettement comment sa propulsion changeant à chaque étape, s'il doit s'éteindre, être détruit ou redescendre, c'est toujours en ayant en vue le vaisseau improbable qui naviguera l'inconcevable espace d'une nature surpassée.