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PuyPsy_2000-20/1-1

Par Toll Antheaum, le 11 février 2020.

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PuyPsy_2000-20/1-1          suivant/vers 1-2&3

 

Fréquentation rare et trois énoncés de base

 

   Mon cabinet n'aura jamais été fréquenté par une clientèle nombreuse. La surveillance de sa comptabilité par les autorités fiscales en témoigne en l'ayant régulièrement fixé en bas de l'échelle de ses bilans comparatifs – à peine la moitié de la moyenne de mes confrères, spécialistes en psychiatrie – du moins ceux du département, concentrés dans sa ville préfecture, autour de son seul hôpital psychiatrique. Est-ce parce que je suis parmi eux le seul psychiatre qui soit aussi psychanalyste ? Est-ce que cela tient plutôt à ma personne ? Des patients dissipés des parcours de soin m'ont parfois dit « Alors vous ! Ils ne vous aiment pas. Qu'avez-vous donc fait pour qu'ils vous détestent comme ça ?» D’autres me racontent que la Sécurité Sociale leur aurait demandé pourquoi ils ne changeaient pas de psychiatre. Est-ce vrai ? Je ne sais pas ni pourquoi, et je serais mauvais juge. En tous cas, je me suis installé dans ce gros village en l'an 2001, pour la raison suivante : « Nous venons de perdre notre seul psychiatre-psychanalyste (il venait de se suicider) – m'avait dit le président du Conseil de l'Ordre – restez, installez-vous chez nous.»


   Un psychanalyste, doit-on penser, doit se dire mais que venais-je faire aussi, par là ?! Une route ne va jamais au hasard ! En l'occurrence j'y étais venu par une attraction légère, mais détectable ; je préciserai pourquoi – d'abord je dois préciser, que cette disette, cette basse fréquentation, n'a pas été nouvelle. Depuis mes débuts, en 1979, une patientèle de misère.. mais attachée – m'ayant suivi et soutenu – aura été la caractéristique de cette carrière marquée par la solitude. Alors si j'étais paranoïaque, je l'expliquerais par une remarquable inimitié de la part de mes confrères, voire de mes semblables, ce dont par ailleurs je n'ai pas de francs signes. Est-ce qu'on doit parler de névrose ?
   J'ai mis ce
terme, "paranoïaque", au conditionnel, ce qui peut faire un aveu ; et puis d'autres quolibets m'ont affublé, ce qui n'en témoigne pas moins. Je ne pense pas exagérer. Cependant il existe d'autres opinions, généralement bien renseignées ou plus intéressées, qui ont chacune nié ces impérities. Cela fait un équilibre qui peut motiver qu'on essaie d'avancer. En effet avec attention on dégage des choses sérieuses et remarquables. Par conséquent, je vais énumérer simplement chaque pas que j'aurai avancé depuis 2000, date de mon arrivée dans cette citadelle.. la préfecture dont je parle est une citadelle, ce n'est pas une métaphore, avec ses flancs dominants et ses donjons que les temps modernes n'ont pas entamés aux plus reculés.
   Je revenais des Amériques exactement en janvier 2000, de retour avec un antécédent si précis et particulier, qu'on pourra y voir ce projet dont j'ai parlé tout à l'heure, agissant derrière l'alibi qu'on m'ait demandé d'y jeter l'ancre. Au croisement des routes, puisqu'on me le demandai
t je m'arrêtais, mais y plantant comme un panneau indicateur : mon action, tant à la médecine qu'à la psychiatrie et qu'à la psychanalyse, viserait à développer sinon fonder une « médecine des corps sociaux ». C'est de ce terme que j'ai libellé ma présentation aux Conseils Départemental et National de l’Ordre des Médecins. Deuxièmement je laissais plus évasive l'option dont j'avais le soupçon qu' entre psychanalyse et écologie il y a la stricte identité que la science Cybernétique rassemble en une.

   Troisièmement, encore plus discret, je me connaissais une charge que je n'avais ni choisie ni cherchée. Il s'agit de quelque chose que j'ai endossé à seulement prendre acte du freudisme vers mes quatorze ans. Cet engagement, pris dans un collège d'obédience catholique, du fait candide de la jeunesse sans doute, était de prendre le relais de la psychanalyse de Freud, là où il l'avait laissée à la fin. Mes pères eudistes, obédience d'enseignants, m'y encourageaient. Au cours des dernières lignes que Sigmund avait écrites avant l'injection terminale qui mettrait fin à sa vie de cancéreux, il prescrivait de ne plus avancer d'un seul pas sur la voie qu'il avait ouverte, tant que certaines conditions n'étaient pas remplies.

   Je ne juge pas mes pairs, pas plus que je suis juge de moi et je pense que chacun fait de son mieux. Cette voie requise par le fondateur, pour compléter son invention qu'il n'avait pas pu atteindre, était celle des corps sociaux ; il disait à son époque « de la psychologie collective ». Je n'en juge donc pas mais c'est un fait : à sa suite ses soi-disant disciples ont continué d'avancer, peut-être à petits pas et sans véritable considération pour son avertissement. J'exagère ; dans le détail on en trouvera deux ou trois qui lui firent honneur – c'est à dire suffisamment peu pour que la règle d'une négligence générale soit confirmée. Personnellement, je ne sais pourquoi mais je pris ce relais. Le point de passation réside à la fin de son dernier livre et testament. Le titre en français, 'Moïse et le Monothéisme', a été traduit plus tard en ' L'homme Moïse et le Monothéisme ' comme s'il fallait mettre l’accent sur quelque " physicalité " dans un contexte où personne n'avait jamais douté de l'existence historique de Moïse. J’expliquerai durant ce rapport que la Psychanalyse débouche sur quelque chose de plus prononcé que l’objectivité ; je l’appelle faute de mieux physicalité. Ce que Freud appelait la 'psychologie collective' était la condition qui permettait cet éclairage sur une personne, autrement ternie voire modifiée jusqu'à l'extrême par des propagandes. Je m'étais donc après vingt années de préparation, pour ma part chargé de cette question à partir de 1985. D'évidence par conséquent, cela qualifiait le troisième énoncé de mon installation en ladite citadelle préfectorale, parce qu'elle est un bastion, une étoile et son site religieux sacré du monothéisme en question. J'avais en quelque sorte était 'formé pour cette adresse' au souvenir de "mes bons eudistes" mais cette préhistoire n'avais pas de motif d'en parler de facto au Conseil de l'Ordre des Médecins qui m'invitait au titre de la psychiatrie et de la psychanalyse, qui n'ont de rapport que très extrême voire abusif avec la religion.