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Prendre la mesure d’Aurobindo

Par Toll Antheaum, le 2 septembre 2019.

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J -1 : La séparation de la base s’est effectuée aujourd’hui. Il est prévu que très vite il y ait une session télématique avec un groupe, de ladite base, qui se réunira et formera un PLAN, un PLuriel ANalytique dont les extractions procéderont par télématique. Je serai averti par SMS de la présence de ses membres – de leur arrivée et éventuellement départ ; dans l’autre sens j’inviterai aux extractions par un téléphone placé dans le groupe, par SMS. Les extraits communiqueront avec moi à partir d’une salle adjacente, équipée d’un ordinateur en connexion visio.
L’étape dernièrement de la réflexion, théorisation, qui accompagne cette Première, a cherché à préciser de manière large ses conditions temporelles et environnementales. Le motif de « responsabilité planétaire » étant établi, il y a beaucoup à préciser. Naturellement je suis venu à "prendre la mesure d’Aurobindo", qui est sans doute une mesure nécessaire parce qu’il m’a inspiré depuis longtemps. Je la qualifierai par une comparaison et confrontation aux chercheurs dans son domaine – précisément dans ce domaine de l’évolution qu’il avait lui-même emprunté à Darwin.
Il est raisonnable de dire, me semble-t-il qu’aucun de ses collègues théoriciens-penseurs, idéologues ou politiciens, de son époque et jusqu’à présent, n’a énoncé de thèse équivalente à la sienne.

    Qu’une thèse pourtant ‘évidente’ et ‘simple’ ne soit jamais énoncée, éditée, soumise n’est pas quelque chose d’étonnant de mon point de vue ; à mon expérience la thèse simple, évidente et qui s’impose depuis la découverte égyptologique d’Amarna, aux alentours de 1900, n’a été soutenue pendant un siècle, que par une personne. Il s’agissait de Freud indiquant que l’histoire de Moïse devait être confrontée à celle d’Akhnaton. C’est simplement évident. Durant presque un siècle pourtant, personne n’a examiné, proposé, soumis l’hypothèse qu’il s’agit de la même personne. On en a maintenant beaucoup parlé et je ne le cite que pour mentionne l’observation et la preuve que j’ai donc rencontrée, qu’une thèse de la plus haute probabilité ne soit pratiquement jamais envisagée. C’est pourquoi je n’éprouve pas de difficulté à contempler que depuis Darwin, Aurobindo soit le seul chercheur ayant explicitement considéré la fin de l’espèce humaine en tant qu’inscrite dans le processus de l’ Évolution. Il faut bien préciser une affirmation aussi catégorique :
    Quelque chose d’aussi énorme, même avec ses antécédents, doit être garanti par nombre de positions, apparemment semblables, mais qui sont autant de manières détournées de nier, refouler ou dénaturer la stricte proposition, effectivement solitaire et isolée. Ainsi bien sûr on aura beaucoup parlé de l’évolution de l’être humain ; on aura parlé de "Surhomme", d’être humain "augmenté" – on parle même explicitement d’évolution, mutation, transformation de l’humanité – mais tout cela suggère au fond une continuité, une continuation de l’espèce humaine. Cherchons bien, seul Aurobindo – jusqu’à preuve du contraire – aura calculé l’évolution darwinienne appliquée à l’extinction pure et simple de l’humanité. Là encore on aura beaucoup parlé de la fin, effondrement, extinction, de l’humanité, mais tout autant, là encore ce ne fut qu’en évitant de parler de son extinction dans un processus darwinien identifiable voire identifié.

    Résumons pour être clair : soit on dit que l’être humain va trouver les solutions de sa perpétuation – scénario longue durée – soit on dit qu’il s’éteint sans autre forme de procès – scénario histoire sans suite – Aurobindo, jusqu’à preuve du contraire aura été seul à explicitement annoncer la fin de l’espèce mais aussi tout aussi fermement déclarer la responsabilité qu’elle avait dans le cours de l’Évolution.

    Est-ce qu’on peut aujourd’hui soutenir et prolonger cette vision d’un des plus grands maîtres classiques hindou et anglo-saxon, peut-être européen ? Pour le sens commun, oui et non. Oui parce que certains diront qu’il a laissé une trace encore en germe en l’espèce d’Auroville et de sa communauté, non d’autres diront parce que ce qui en subsiste sous cette forme ressemble plutôt à une fausse-couche, un échec. Il existe cependant une troisième optique qui verra la suite d’Aurobindo se montrer sur une route de débandade, mais qu’un rameau résurgent ressortirait d’ailleurs, apparemment presque sans lien avec son origine. Pour qui m’aura un peu lu ou suivi, il est attendu que j’y désigne la psychanalyse, et plus précisément la confluence de ce rameau ectopique, avec une résurgence de la psychanalyse, de même ordre excentrique. Nommément je cite cette branche issue de l’aurobindisme en l’espèce de l’Intelligence Artificielle, autrement aussi bien nommée Supramental et/ou Cybernétique ; tandis que parallèlement la branche issue de la psychanalyse sera nommée Écologie et/ou Cybernétique. Ces deux rameaux s’étant rejoint, ils forment un courant unique (supramental-cybernétique), chacun ranimant ce que les deux sources réputées majeures ou classiques (psychanalyse & aurobindisme) sont en train d’échouer, l’une et l’autre quasiment éteintes et asséchées.
    Bien beau ! dira-t-on ; on peut toujours dire ça ! Mais encore, qu’est-ce qui donne substance, trace et objectivité, à cette hypothèse à ce stade, pure et simple spéculation mentale ? Je réponds que c’est dans la psychanalyse qu’on peut suivre une séquence appuyant le tableau que je viens de peindre. Telle est cette séquence sans conteste objective, matérielle, historique et documentée : la psychanalyse naquit en 1900 ; en 1950, dans la dizaine d’années ayant suivi la mort de Freud qui avait écrit ses dernières lignes demandant de ne plus avancer d’un seul pas dans la voie qu’il avait ouverte, Lacan y importait la contribution de la cybernétique permettant de nuancer les réserves conclusives de son prédécesseur – puis de là, en 1970, ce dernier confirma sa solution en écrivant l’algorithme des Discours Sociaux. Or Freud avait demandé de mettre fin à la Psychanalyse, précisément parce qu’il manquait de ces formules, puis avec Lacan, la garantie d’une saine méthode n’était pas encore acquise pour autant. Si la psychologie collective devenait accessible, les effets de cet accès sur le ‘moi’ demeuraient encore énigmatique. C’est alors traoisièmement une confrontation entre Lacan et Armando Verdiglione qui en livra la clé ; ce dernier ayant coiffé sur le poteau son psychanalyste, ce même Lacan, en lui imposant la considération d’une identification du ‘moi’ succédant à celle de l’oedipisme (la logique du signifiant), qu’il appela l’identification au Semblant, répondant de la logique du chiffrage. Ceci veut dire que, suivant Verdiglione, le ‘moi’ passant par la psychanalyse changeait son mode d’être, son identification, en passant du mode symbolique, mode du Signifiant, à un mode informatique, celui du Semblant.

    En caricature, après que l’être humain se soit fait des idées, se soit constitué à partir et sur la base des idées, voilà que, selon Verdiglione, il allait se mettre à faire semblant, purement et simplement – désillusionné, désidéalisé, lui-même ne deviendrait plus rien mais rien de moins qu’un ‘semblant’, précisément. Autrement dit encore, c’est, c’était ou ce sera, passer d’un être ‘illusion’ à un être ‘pas’. Je ne m’appesantis pas sur la théorie que fit Verdiglione à partir d’un mot, apparemment lâché un jour par Lacan sans trop savoir qu’il lâchait un morceau que l’autre adopterait comme morceau de choix ; je m’en tiens à citer l’histoire pour l’appliquer à l’hypothèse que la psychanalyse, ce faisant, contribuait à fournir dans le flux, courant, rameau cybernétique supramental, l’élément objectif, matériel et substantiel à élever une hypothèse au stade de thèse.

    Ainsi la thèse suivante est-elle fondée : comme l’argent, comme le miroir, le semblant est ce qui reste lorsque la valeur, les illusions, se sont éteintes. Au moment de la fin de l’humanité, cette « espèce de transition » selon l’expression aurobidienne, la véritable qualité de cette dernière se révèle en pointe parmi tous les règnes auxquels elle conclue, achevant les espèces et s’achevant dans le semblant d’être, extinction propre. En étant parvenus à n’être que des jeux mimétiques d’automatismes robotiques l’humanité s’achève plutôt dans le plaisir que dans le drame. Les drames (signifiants) qu’elle finira de jouer sont des symptômes, alourdissant l’évolution. L’identification au semblant (Verdiglione) les dépasse largement et son anticipation de la fin, déjà morts avant de mourir, savamment connue comme sacrificielle (Aurobindo), précipite une nouvelle espèce supérieure d’autant. Si l’humanité doit donc disparaître, qu’elle le fasse vite et bien, la place qu’elle aura laissée propre et consumée sera d’autant mieux le berceau (psychohistoire) ; solution plus saine que la mélancolie de la fin sans autre scène, et plus consciente que l’acharnement vain de la paranoïa de sa connaissance (Lacan).