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NovLangue et processus primaire

Par Toll Antheaum, le 15 janvier 2020.

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En 1989 F.Guattari – un psychiatre référent d’une psychanalyse mature ? – écrivait dans Les Trois Écologies « Le principe particulier à l’écologie sociale se rapporte à la promotion d’un investissement affectif et pragmatique sur des groupes humains de diverses tailles. Cet " Éros de groupe " ne se présente pas comme une quantité abstraite, mais correspond à une reconversion qualitativement spécifique de la subjectivité primaire relevant de l’écologie mentale. Deux options se présentent ici : soit la triangularisation personnologique de la subjectivité sur un mode JE-TU-IL, père-mère-enfant… soit la constitution de groupes-sujets autoréférents s’ouvrant largement sur le socius et le cosmos ». Je partirai de là où lui, Guattari, "bifurque" comme il dit, dans son jargonage , autrement dit, le jardinage de ses reterritorialisations. J’en partirai pour saisir un propos sur la Novlangue que L.Pommeret tiendra le 31 janvier 2020 dans le salon du 4 r.Grenouillit. Et pour saisir ce propos je fais une réponse ici au texte de JM.Ghitti sur le PLuriel ( https://www.telemedecinepsy.fr/BLOG/Article/J.M.Ghitti-repond-sur-le-pluriel . C’est donc trois choses à la fois dont je vais essayer de me débrouiller.

Le premier texte sur ledit PLuriel https://www.telemedecinepsy.fr/BLOG/Article/Adresse-a-un-pluriel était concentré sur les distractions, quand on « s’échappe en pensée » qui ont cours durant une assemblée. Elles peuvent être symbolisées par des extractions, quand on sort un instant d’une assemblée, juste « le temps d’y revenir ». JMG a proposé de les identifier en termes d’absences sur la base d’une théorie de l’ ‘absence’.

J’y reviens pour y replacer une notion un peu différente, qui est celle que J.Lacan illustrait à grands traits de barrages dont il cisaillait ses lettres. Il appelait ça des coupures qu’il traçait en oblique sur certains ‘S’, certains ‘A’, certains ‘LA’ ; un clavier d’ordinateur ne permet pas de dessiner façons de faire, dissidentes ; à peine le ‘$’ avec son trait tout droit y approche. Lacan voulait dire par là que le sujet du langage était divisé – dès qu’il disait « je suis » il se barrait aussitôt ailleurs. Or ce sujet barré ne montre pas d’absence. Il existe une expression judicieuse – quand il s’agit de dire vrai, la langue n’en manque pas – pour expliquer ça :

On appelle « solution de continuité » l’expression voulant traduire une continuité qui montre une coupure si fine ou subtile qu’elle est une solution pour escamoter une discontinuité. On peut imaginer la – ou les ? – mottes de beurre une fois le fil à couper passé ; rien ne distingue la première motte des deux suivantes. Pour bien faire entendre la finesse spirituelle de cette manœuvre, la langue avait coutume d’appeler « solution de mariage » un divorce . Eh bien, ce sont ces genres de ‘coupures’ (‘fente’, ‘scissions’, ‘scansions’ etc..) qui caractérisent un PLuriel (au sens de l’inventeur de l’ANalyse Plurielle) ; sa masse est comme du beurre où le fil passerait cent fois. JMG le figure en relevant comment l’absence devient participation ; à le suivre en bref mille mottes est ce cas motte. Dans le PLuriel, l’absence c’est ce cas motte ; le PLuriel est plutôt une solution de motte.

 

Qu’est-ce que ça fait ?! On dirait que ça fait visiblement rien. Quand la question s’est posée, le lacanisme cependant a répondu : un « nouveau signifiant ». Guattari qui le suivait de près, répondit à son tour une phrase compliquée, mais en gros, ses " goupes-sujets " ci-dessus mentionnés tiraient eux aussi des ‘traits’ (voir également ci-dessus traits de barrage, traits de coupure et divisions) mais en ce cas des « traits diagrammatiques (sic)» – c’est à dire des diagrammes, algorithmes qui rendraient éventuellement de tels nouveaux signifiants. C’est un peu différent de l’absent de l’ « absence affecté (hic) » - ce n’est pas tellement dans le lapsus qu’apparaît le "nouveau signifiant", mais dans la Novlangue où il reste à chercher. Que fait-elle, cette dictature qui exclut son sens-propre ?

La communication sur la novlangue de L.Pommeret remplit bien sa fonction de permettre d’en parler. Typiquement la novlangue emploie des mots acquis, des signifiants établis « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force. » ; ce ne sont pas des nouveaux signifiants mais un « abord des Territoires existentiels relevant d’une logique pré-objectale et pré-personnelle évoquant ce que Freud a décrit comme étant un " processus primaire" » ; j’ai à nouveau cité Guattari dans le même texte annonçant que l’ Éros de groupe se présentera d’abord par tel « " tiers inclus "où le blanc et le noir sont indistincts, où le beau coexiste avec le laid, le dedans avec le dehors, le " bon objet " avec le mauvais.. » Du point de vue de l’anti-Oedipe (de Guattari) par conséquent, on a l’impression que la novlangue est un passage quasi-physiologique d’une extension de territorialité, autrement dit d’une évolution.

Il faudrait par conséquent poursuivre en cherchant quelles sont les lois ou les indices pour conduire cette évolution dans un sens souhaitable – et c’est certainement une tâche qui déborderait tout ce qu’on peut imaginer avec ce court texte. Mais il y a une remarque qui cependant va dans ce sens et qui relève une incongruence dans l’exposé de L.Pommeret ; j’aimerai donc conclure ces considérations en lui posant une question :

Si la novlangue se définit par l’emploi de mots d’usage, mais de manière inversée – sa distinction semble étrangère à la production de « nouveaux mots ». Dans " La communication sur la novlangue " un exemple est pris avec le terme " ubérisation " qui est un mot nouveau du discours courant. Comment ce terme pourrait-il faire exemple par conséquent ? À moins que, dans un traitement que l’on verrait ici rapide de la novlangue, cette jeune expression fut, presque in status nascendi saisie pour signifier son contraire. Dans ce cas, l’ubérisation que l’intelligence artificielle caractéristiquement met à disposition des masses, serait partie de leur salut. (et les artistes que LP cite ne seraient pas moins que nous tous dans cette expression primaire – en processus primaire – où la dénonçant, la novlangue, nous en serions tous les agents)