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La gouvernance en quête

Par Toll Antheaum, le 7 mars 2021.

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La gouvernance en quête

ou

D'une médiocre étape de la civilisation à l'avènement de sa réalisation attendue

 

   J'entre dans le hall assez réduit. Immédiatement l'image me saisit. Celle d'un symbole de la dernière force communiste en Europe. Le reste : les chaises, les lampes, les portes, les photos familières, tout cela ne provoque rien à côté d'une chose rare, incongrue mais chargée d'une force symbolique subconsciente exceptionnelle. Il s'agit de la photo prise en 1987 du gen.Jaruzelski, casquette et lunettes noires de dictateur de Pologne qui chuta sous Jean-Paul.2, Pape polonais. Dans ce petit hall d'entrée, la figure iconique de la Propagande de ce bonhomme caricaturale est sidérante. On ne voit que ça sur le mur qui l'accompagne de banales photos de la ville et des ses affiches "Son & Lumière", le tout surplombant la petite table où trônent masques chirurgicaux et gel hydroalcoolique au lieu des habituels prospectus. Un beau tableau au-dessus du règne de la Santé. Mais par quelle alchimie cette icône de la propagande et manipulation de masse se trouve-t-elle là à l'accueil du Conseil Régional ?

 

   Bon. On ne va pas délirer. Le motif de ma visite à l'Administration du Conseil Régional concerne bien ces spectacles « Son & Lumière » qui s'affiche mais ce n'est pas une raison pour que je m'arrête à ce Jaruzelski qui les orne. Je suis dans une ville qui attache une grande importance à l'histoire et puis voilà tout.

 

   Je suis reçu et aussitôt nous installons-nous lorsqu'il manipule son smartphone, me dit-il pour couper le son, je lui demande si ce n'est pas pour nous enregistrer, car on vient de m'en faire la demande. En effet je ne viens pas en mon nom propre, mais au titre de mon cabinet et des associations qu'il héberge, dont celles qui se voient privées de la possibilité de réunnion de soirée, groupes littéraires, conférences, analyse plurielle etc.. depuis que le son et lumière interdisent une conversation propre.

   L'administrateur, un peu surpris, m'assure qu'il ne se permettrait jamais d'enregistrer ainsi et, bien sûr je lui explique la plaisanterie : on ne va pas se prendre en photo et s'enregistrer le son tant qu'on en a tant sur les murs !

   Passons.. nous n'avons pas perdu notre temps à deviser sur ce qu'est effectivement de valeur dans cet usage tabou, de consigner par document direct les relations des représentants ainsi que le misérable mouvement Gilets Jaunes en avait pointé l'éthique. Nous avions un autre sujet à traiter. Et l'administrateur a ouvert la conversation :
   « Allons-y, qu'avez-vous à me dire ? » Je restais un peu bête et silencieux et il a insisté, « Mais si ! Que voulez vous me dire ? »

   Cette question m'étonne parce qu'il m'avait proposé un entretien. Elle m'étonne aussi parce que lorsqu'on vient installer sous vos fenêtres, en tout catimini (sans jamais en prévenir, encore moins demander aux habitant si ça les dérange) une machine qui, boum ! automatiquement tous les soirs et jusqu'à minuit, va répéter inlassablement une bande sonore qui envahit votre immeuble, une chose est certaine en pareil cas, on vous 'a signifié : vous n'avez rien à dire. Telle fut ma réponse ou ma constatation : je n'avais rien à dire.

 

   Ce premier échange a rapidement continué. Je me débarrassais des dernières impressions de Jaruzelski et j'était assez placide mais la phrase inaugurale et concrète de l'administrateur me fit bondir. « Avant tout et pour commencer, la première chose que vous devez savoir, c'est que nous ne cherchons pas à vous nuire. »

   Ce fut une introduction très malheureuse. Je me suis réellement insurgé contre un tel traitement qui posait d'emblée le statut de ma pensée et me prévenait d'imaginer que l'administration me voulut du mal. J'ai dit nettement à l'administrateur qu'il m'insultait en parlant comme ça. Ça m'avait un peu gonflé mais il ne comprenait pas bien ; plus tard dans la conversation nous avons recroisé la même logique. Il affirmait que je me sentais persécuté tandis que lui ne pensait qu'à faire travailler la population. Je lui réaffirmais qu'il ne fallait pas qu'il pense pour moi ce que j'aurais pensé de lui. Il a convenu que ça demandait une réflexion qui n'était pas de son domaine, et c'est ici que je peux la poser - (la réflexion, s'il est besoin de le préciser).

 

   Je ne sais pas si l'administrateur a fait des études de Manipulation du Consentement mais je ne saurais que trop recommander une révision ou prendre connaissance de l'historique série des https://youtu.be/8Tt9hRY7Uk8 ; https://youtu.be/NRai6iZwoUQ ; ( susbidiares https://youtu.be/zTFgp8QMYYQ ; https://youtu.be/HULf7b_A-EY ). Pour quiconque pense au lien décisionnel entre l'individu et le collectif, ces deux chapitres sont essentiels à comprendre ce qui nous gouverne.

   Il existe une relation entre le 'moi' (cette instance psychique) et la masse (ce milieu psychique). Leur relation pivote autour de la notion d' 'Irrationnel' ; la foule mène l'individu à des conduites irrationnelles (lynchage par exemple, trépigner devant un petit ballon, etc..). Lorsque cette relation se charge dans une conversation, elle se polarise dans le déni de persécution. Ce sont des faits, simples mais dérangeants. Ils paraissent en pratique comme l'expérience le montre.

 

   Gardons bien à l'idée qu'entre Jaruzelski, l'Abîme des Ténèbres et le Puy de Lumière une relation affichée domine, et domine le simple soucis mercantile, naïf et pratiquement innocent, de faire travailler les commençants en leur attirant des touristes clients, par les moyens du désir attisé complotiquement – je n'en parle pas anecdotiquement, je suis plotiste (j'habite place du Plot*) et ci pour en faire cas.
   J'ai renseigné avec le paragraphe précédent, l'histoire du 20 siècle jusqu'à nous, parfaitement documentée qui donne toutes les ficelles, avec la raison mais aussi la pathologie qui gouverne la domination de la satisfaction collective sur le bien de l'individu. Toute cette science renseignée nous enseigne à présent pourquoi et comment l'administrateur accueille le spolié d'un "nous ne voulons pas vous nuire". Nous le croyons sur parole – c'est à dire l'entendant :

 

   La Psychohistoire donc, du 20em siècle et des poussières, découvre les passions cruelles (les instincts violents, agressifs etc..) du genre humain et surtout, comment elles sont refoulées. Le refoulement, nous enseigne l'analyse du psychisme, réémerge, ressort, sous la forme et selon l'expression de la dénégation (nier ce qu'on fait). Ce qu'on appelle le Complexe de Culpabilité est cette expression qui prononce « je ne veux pas nuire » signifiant que c'est exactement cette volonté qui est en intention. Certes la masse veut notre bien, elle en a besoin, mais démoniaquement, c'est une fatalité, son représentant veut le mal de son prochain. C'est pourquoi on ne dit pas « vous vous sentez persécuté » - c'est obscène et cru de parler à nu comme ça ; le 'moi' réfléchi n'en est pas là. Il sait que la réalité si malheureuse est heureusement plus complexe.

   Pourquoi un administrateur veut-il nuire à son administré ? La réponse est déjà dans les écrits psychologiques de Sade à l'origine de la Révolution Française et longuement exposée depuis ledit 20em siècle. Évidemment, à moins qu'il n'ait jamais eu l'intention de regarder en lui-même, l'administrateur réfute cette intention, comme Œdipe d'ailleurs le dit bien « Non ! Jamais ! Moi, pas ça !.. » C'est pourquoi, répétant, avec quel mépris de tout communautarisme il installe un barnum sous les fenêtres d'un administré, il suggère dans ses excuses après-coup que ce dernier devrait se faire soigner. J'ai rappelé à l'administré qu'en psychiatrie on savait très bien qui explique – à celui qu'il enferme et pique à neuroleptique que veux-tu – qu'il fait une maladie de persécution.

 

   Une fois ceci dit, je vais préciser, pour qu'on puisse peser la raison, l'affaire du Son & Lumière plotiste. Cette introduction beaucoup moins échevelée qu'elle ne paraît permettra de plonger dans la valeur certaine d'une expérience d'influence touristique douteuse – cette valeur étant d'éclairer pourquoi le monde va si mal, pavé de bonnes intentions.

 

   La sainteté, la beauté et les pierres historiques n'y suffisant pas, la cité s'est équipée d'une technique à la mode, illuminant ses murs de vastes fresques qui les masquent. Lorsque ce n'est pas sur des carrefours déjà bruyants sur sa cathédrale par exemple, elle a ajouté du son. Les habitants se sont insurgés – j'ai expliqué plus haut de quoi il s'agissait : un son qui n'a ni queue ni tête répété en trois séances toutes les nuits durant les mois chauds. En hiver depuis des années déjà la sonorisation en journée excite les acheteurs approchant le grand symbole de Noël comme en Chine avec les mêmes haut-parleurs on approche la pensée de Mao – j'ai rappelé à l'administrateur que la propagande connaissait très bien les effets du son sur la conscience.. Je viens d'expliquer ci-dessus que l'on peut faire la même chose inconsciemment et dans l'aliénation contextuelle d'un complexe de culpabilité. Les proches de la cathédrale ayant eu gain de cause, les opiniâtres publicitaires ne pouvaient rester sur un échec. Ils n'ont pu se retenir de réinsérer l'expérience ailleurs ; et ainsi d'installer les systèmes de projection sonore dans la plus stricte discrétion jusqu'à ce que soudain, un soir du Plot le rideau se lève et envahisse mon immeuble d'une nuisance qui allait se répéter tous les soirs, comme je l'ai aussi dit, se propageant du cabinet jusque dans les salles du fond, salle d'attente, chambres et habitation jusqu'à minuit.

   J'avais par la suite écrit une lettre de protestation, par pure convenance et lassitude puisqu'elle était en tout bon sens attendue, comme en effet répondit l'administration que les experts avaient jugé que ça ne dérangeait pas. Il a fallu un autre émoi – un étudiant qui n'en pouvait plus travailler – et probablement parce que la glauque expérience ne convainc pas vraiment, pour que je me signale encore sous la pression de mes pairs. Et ce fut la raison pour laquelle j'ai eu cet entretien, preuve qu'on m'écoute, et qui a commencé par : « d'abord soyez bien convaincu qu'on ne veut pas vous nuire. »

 

   Bon. J'espère qu'on comprend la situation. Comme je le disais à l'administrateur, Jules César n'a pas demandé « s'il vous plaît » pour passer. Cette affaire de victimes, de la médiocrité du résultat et du "malaise dans la civilisation" est à ce point où nous arrivons au 21em siècle parfaitement documenté comme je l'espère, le texte ci-dessus en fait la revue. Nous savions aussi qu'il n'y avait rien à faire. Ce n'est plus le cas.

   Cette pollution réglée d'un cabinet ou d'un habitat, pour un motif que l'administrateur a résumé en deux points : attirer les touristes et accroître la vente de crêpes (sic, il n'a pas trouvé plus franc succès) ne relève ou n'appelle rien à dire. C'est une négation et une pathologie du discours comme, un peu plus avancée, elle expose le rapport social des administrateurs aux administrés. L'idée que la société soit motivée par l'économie, la consommation, est un fantasme qui cache que c'est la relation humaine qui préoccupe et intéresse l'individu et la société. La première idée de l'objet est la chute du freudisme et de la société avec. La psychanalyse se relève en voyant avant tout le rapport au semblable. Cette meilleure compréhension, reléguant l'économie à l'alibi et replaçant l'être au motif, s'avère donc à ce deuxième degré pire, la victimisation l'emportant. Il résulte par conséquent que l'analyse du cas du Plot a avancé jusqu'à la seule suite qu'il faille franchir : la troisième étape de la prise de conscience qui révèle la gouvernance de la décision.

   Au point du Plot l'intérêt n'est pas de vendre des crêpes, ni de psychanalyser les administrateurs, il est celui d'animer sa population à sa gestion propre. La technique de manière flagrante permet depuis maintenant des années à un quartier de se gouverner par lui-même, et la quantité de ces années durant lesquelles on n'en avance rien, donne la mesure de la qualité de ce qu'elle est propre à fournir d'intelligente opposition à la médiocrité de la politique et de l'oppression qu'elle entraîne.

DWT@20210307102200


* : jusqu'à ce que l'événement m'oblige à aller vivre et travailler ailleurs.

° : texte introduit à https://www.facebook.com/antheaum.toll/posts/918703268897278